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Biskra - Lac de l'ancien fort - Auguste MAURE 1880

MAGALI-BOISNARD

Le Roman de Khaldoun, éd. Piazza, Paris, 1930

« Une contrée au-delà de régions méditerranéennes et des steppes hautes, une terre où tout semble au premier aspect marqué des stigmates de la mort et où rien ne meurt ; des âges simples et des tribus anciennes ne s’y abolissent un moment que pour renaître sous les mêmes formes, recréant des êtres identiques dans la pérennité des temps immémoriaux.

Et là, une ville bizarre, déconcertante, qui ne se discute ni ne s’oublie dans un très subtil ensorcellement.

Cité composite, disparate et précieuse, à quoi nulle autre ne se pourrait comparer, elle est le caravansérail prédestiné, la halte au charme ambigu captant tous les vagabonds du luxe voyageur. Ni exotisme de bazar, ni atmosphère livresque. De la neige parfois, de l’or et de la pourpre toujours, sur les sommets qui l’isolent du Nord…… Sur elle tout le soleil.

Et, des premiers instants de l’automne aux dernières heures du printemps, des cassis en pleine floraison, délicats, veloutés, soie et duvet, évaporent leur senteur insinuante et distillent, avec d’autres sorcelleries, l’allégresse d’un printemps, qui n’est pas le renouveau, mais s’affirme telle une saison constante établie là pour l’éternité !!!

…Cependant, loin de ce pays, en moins d’un quart de siècle, il y eut deux guerres : l’une longue et meurtrière, l’autre brève et plus cruelle dans ses foudroyantes conclusions et leurs stoïques lendemains. De tout cela, rien n’a modifié le visage archaïque, à la fois si âpre et si voluptueux de nos marches sahariennes et de ce Biskra, trempé d’inégalable lumière, posé au bord de l’infini.

Les bouleversements tragiques n’atteignent pas aux montagnes roses, aux steppes silencieuses. Le bouillonnement des nations en armes ne pénètre pas l’atmosphère humaine des oasis, pleine du geste lent des choses coutumières.
Et c’est dans l’impression d’éternité sereine qui s’en dégage que se trouve le seul vrai, le seul réconfort immédiat pour tous ceux voulant oublier la grande pitié de ce temps. »

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